Nom d'un ornithorynque !

Dans ce monde où tout va rapidement, arrêtons nous sur un animal qui n’a pratiquement pas évolué depuis 110 millions d’années. Ca fait un bail n’est ce pas ? A cette époque, les dinosaures régnaient en maitres sur le monde, et un petit animal vit le jour et n’évolua plus guère depuis lors.

Il s’agit de l’ornithorynque. Lorsque les premiers explorateurs en ramenèrent des spécimens en Europe aux XIX^e siècle (l’Australie, patrie actuelle de l’animal ayant été découvert par le Hollandais Abel Tasman au XVII^e siècle et colonisée à partir de 1790 par les Britanniques, après la perte des colonies américaines) , les naturalistes crurent à une blague.

Tête d'ornithorynque (source Wikipedia, auteur Dr Philip Behtge)

Avouez que le dit-animal peut vous faire perdre votre latin : on aurait dit un assemblage entre plusieurs animaux différents. Après tout, l’histoire scientifique a connu de ces canulars, le plus célèbre étant, peut-être, celui de l’homme de Piltdown, qui a duré de 1912 à 1959, date à laquelle on découvrit que ce « chainon manquant », un crâne parfaitement conservé d’homem primitif ; était en réalité un assemblage entre un crâne humain moderne et une mâchoire de grand singe.

La blague raconte que l’ornithorynque a été la dernière création de Dieu, qui rassembla en un unique animal tout ce qui lui restait comme morceaux épars.

Il faut dire que la bête cumule les bizarreries. Atteignant 50 cm, et un poids de 2 kilos environ, son nom complet est Ornithorhynchus anatinus, ce qui signifie « à bec d’oiseau » et « comme un canard ». D’ailleurs son surnom anglais est : « Duck-billed platypus » : pied plat à bec de canard.

Récapitulons :

         -Un bec de canard

        -   Ce bec, qui sert à fouiller la vase, est pourvu d’organes électriques

        -  Des abajoues lui permettent, comme le hamster, de transporter de la nourriture.

        -  Il a des pattes palmées comme un canard

   - Lorsqu’il nage, toutes ses « écoutilles » se ferment : il est alors sourd et aveugle., d’où l’intérêt de l’électrolocalisation.

        -  Une queue semblable à celle du castor qui renferme ses réserves de graisses.

       -  Le mâle est pourvu, à sa patte arrière gauche d’un aiguillon venimeux

       -  La femelle est dépourvue de vagin mais possède une cloaque, comme les oiseaux

       -  Comme eux, elle pond des œufs.

      -  Mais l’animal a été classé parmi les mammifères car il allaite ses petits (une fois les œufs éclos, cela va de soi).    

       Mais la femelle n’a pas de mamelle au sens strict : le lait suite à travers sa fourrure. (Avouez, messieurs, que si c’était le cas dans notre espèce, vous reluqueriez moins les décolletés des dames).

         -  Sa température est basse pour un animal à sang chaud (ou homéotherme, comme l’homme) : 31 à 32°C.

         -   Les jeunes ont des molaires qu’ils perdent en arrivant à l’âge adulte : le bec de l’animal a donc des « dents » de kératine (la même matière que nos ongles ou nos cheveux, ou que la corne « aphrodisiaque » des rhinocéros ).

A part tout cela, on ne sait pas s’il peut être un compagnon attachant et gentil : il est insaisissable dans la nature, ou presque, et soin élevage en captivité est très difficile. Malgré cela, malgré sa tronche étrange et ses mœurs nocturnes, il est assez populaire et figure sur la pièce de 20 cents australiens.  Son nom fait même partie du répertoire haut en couleurs du capitaine Archibald Haddock.

Et il est parfaitement adapté à la vie qu’il mène dans les rivières australiennes. S’il est en voie de disparition, c’est malheureusement parce que les humains que nous sommes, dans notre quête de nouveaux territoires (pour bâtir nos lotissements de maisons individuelles, nos autoroutes) ravageons ses habitats.

Comme quoi, voyez vous, il ne sert à rien de se presser pour profiter de la vie !