La civilisation du moment

Publié le par Ronuick

Avez-vous remarqué combien l'expression "du moment" fait florès ? C'est "le film du moment", ou "le couple du moment". Bref, tout est du moment.

Et cela va plus loin, et pour cela, il suffit de suivre un peu les informations télévisées ou radiodiffusées. On évoque ainsi les soubresauts du prix du pétrole : "C'est le niveau le plus haut atteint depuis l'année dernière".

A les en croire, ces journalistes (qui ne font qu'adapter leur langage à leur auditoire, faut-il le préciser), cette évolution du prix du pétrole est du jamais vu de mémoire d'homme. pensez-donc : "'le niveau le plus haut jamais atteinte depuis...." L'an passé !

Tendez l'oreille et vous notterez bien d'autres exemples : en économie (l'indice CAC 40 qui a atteint son plus bas niveau depuis 2010), la météo (et non pas le climat !) avec des températures les plus hautes depuis 2005... Dans tous ces exempels l'étalon temps est déformé, la plus lointaine référence remonte à cinq ans dans le meilleur des cas. Autant dire une éternité dans notre civilisation du juste à temps, où tout se périme aussi vite qu'il apparait. Dans le domaine éléctronique, on en est à la quantième généraition de Yphone, déjà ? Qu'ils soient toujours aussi mal fabriqués, poussant les ouvriers qui l'assemblent au suicide et qu'il soit pas recyclable du tout ne semble pas entrer en ligne de compte : il évolue, et on veut toujours le dernier cri.

 

Quel rapport avec le fast-food, me direz-vous ? C'est un tout. La restauration rapide (faisons plaisir à M. Toubon) n'est que le symptôme d'une société qui veut vivre à la vitesse d'un TGV, qui n'a pas le temsp de se retourner vers son passé, même immédiat. Déjà, revenir 5 ans en arrière c'est comme explorer une tombe de la Vallée des Rois, alors, imaginez donc que l'on compare notre vie actuelle à celle de l'après-guerre. Les années 80 ? C'est déjà "vintage" !

Rapidité, rapidité, impatience, énervement : voilà les maîtres mots d'une société qui ne se cherche même plus, mais qui ne veut aller que de l'avant, peu importe où car on ne voit que ce qui nous précède immédiatement. La marche suivante, sans forcément savoir où mène l'scalier. Et si nous étions sur un de ces escaliers de Poudlard, qui changent de direction comme bon leur semble ? Comment décider de notre avenir non pas proche et immédiat, mais un peu plus lointain ?

Non, la fin du monde n'est pas en 2012. Lorsque la Grande Peste anéantit la population européenne au milieu du XIVème siècle, on assista à des scènes étranges. Les hommes et les femmes, convaincus qu'ils allaient mourir sous peu, se livrèrent à toute sorte d'excès : on assista à des scènes de fornication dans les rues, ou des jeunes gens à peines pubères s'adonèrent aux relations les plus bestiales. Le sens moral, hérité de la mystique judéo-chrétienne, fut foulée aux pieds et dans cette atmosphère d'Apocalypse, où nul ne fut épargtné, les Hommes redevinrent des bêtes.

 

Nous vivons certes dans un monde en crise, peut-être à la merci d'uin astéroïde ou d'une épidémie fulgurante, mais il n'y a aucune raison pour se comporter de la sorte, lorsque chaque seconde semble être un instant à remplir.

Je le disais à une amie qui conduit depuis peu et qui a, parfois, tendance à faire caler son moteur. Pourquoi stresser lorsque les crétins derrière klaxonnent au feu ? Déjà, tu ne fais rien d'interdit, tu n'es pas dangereuse. Ce sont eux qui sont hors règles car il est interdit de klaxonner en agglomération. Ensuite, combien de temps ca va te prendre, de redémarre ? 5 secondes tout au plus. Est-ce si long, 5 secondes ? Si vraiment 5 seconde est si important pour eux, alors ils sont vraiment à plaindre ! Et eux, combien de fois ont-ils fait caler leur moteur ? Ont-il seulement oublié combien il était difficiule d'apprendre à conduire ?

Ah, oui, c'est vrai, cela remonte à des années. Eh bien, les historiens ont bien du mérite, à se pencher sur des faits remontant à plusieurs générations !

 

Publié dans Société

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M
<br /> <br /> Nous sommes dans la civilisation de l'instantané, du futile et de l'immédiat. L'Histoire ? Mais pour quoi donc en faire ? Tirer des leçons du passé ? Pas besoin, on est<br /> les plus mieux et les plus fort. Carpe diem et hédonisme sont les maîtres mots. Après nous, le déluge, inutile de réfléchir, de prévoir, de se projeter. Les médias sont versatiles, suivont les,<br /> consommons. Les infos, les ressources, les gens... Consommer, c'est grandir, c'est vivre et faire vivre les autres. Consommons, les suivants paieront la facture... Les médias sont d'ailleurs très<br /> ennuyés avec la dette : Elle se cumule depuis le milieu des années 70. Ils ont beau réduire à 30 ans, ca fait beaucoup...<br /> <br /> <br /> Il serait temps de réappprendre le concept de "durable".<br /> <br /> <br /> Franquin l'avait superbement illustré dans son ouvrage "idées noires"<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Ah, les Idées Noires de Franquin... Mais même dans son ineffable Gaston, il avait le mot juste !  Gag : Gaston est vautré sur sa chaise avec son chat sur les genoux. Prunelle le réveille en<br /> hurlant un "miardidju" tonitruant. Dernière image du strip : Gaston qui dit : "Ouais, mais si tous les généraux du monde, quels que soient leur uniformes ou leurs étoiles, avaient chacun un chat<br /> sur les genoux, ben je me sentirai vachement mieux". <br /> <br /> <br /> Pensée de Prunelle à l'attention du lecteur : "Que voulez-vous lui répondre lorsqu'il a raison ?"<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> <br /> "(faisons plaisir à M. Toubon)"<br /> <br /> <br /> NAN ! J'aime pô mister Allgood !<br /> <br /> <br /> <br />
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